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1 février 2009 7 01 /02 /février /2009 16:11

Les souvenirs de jeunesse de John Muir sont un véritable régal. Sobres et naïfs, sans fioritures mais avec des élans d'émerveillements simples, c'est aussi un témoignage de première main sur la vie des premiers fermiers américains fraîchement émigrés d'Europe (en l'occurence, ici, d'Ecosse). Souvenir d'un naturaliste dans sa vieillesse, il fourmille également de descriptions limpides de la vie campagnarde et sauvage. Quant aux deux derniers chapitres , ils sont exemplaires de ce que pouvait être une société ouverte, où chacun reçoit sa chance, même s'il n'a ni les diplômes, ni les pédigrees requis ! Un bel exemple de caractère et de détermination...

Les sitelles, qui, elles aussi, passaient tout l'hiver avec nous, étaient nos favorites, à nous les garçons. Nous adorions les observer lorsque, la tête en bas, elles suivaient les crevasses de l'écorce des chênes et des noyers, et que, en quête d'insectes, elles en faisaient, d'un coup de bec, sauter les écailles les moins tenaces, bravant jusqu'aux froids les plus vifs, comme si ces petites étincelles de vie conservaient hiver comme été la même chaleur salubre, indifférentes même aux gelées les plus sévères. Dans la grisaille et la solennité des jours d'hiver, de concert avec les mésanges, elles mettaient une agitation délicieuse, et lorsque nous étions dehors à faire du bois, nous ne cessions pas de nous demander comment elles pouvaient garder chaudes leurs pattes nues et tellement grêles, quand, bien emmitouflés de chaussettes et bottes, nos pieds à nous étaient si douloureusement glacés. Etonnement qui ne faisaient que croître quand nous imaginions ces miniatures d'oiseaux dormir dans un trou d'arbre par une température largement inférieure à 20, parfois 35 degrés au-dessous de zéro, puis, le matin, après un déjeuner de quelques insectes gelés et de cristaux de givre, jouer et bavarder à qui mieux mieux, comme si leur nourriture, le temps et tout le reste se trouvaient en accord parfait avec la chaleur de leur coeur.
John Muir, Souvenis d'enfance et de jeunesse, José Corti, 2004, pp. 95-96.
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  • : Aimant la nature, la randonnée la philosophie et les récits de voyages, je vous livre ici des extraits, parfois commentés, de livres que j'ai aimés, en rapport, et si possible à l'intersection, de ces différents sujets.
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